Des copeaux de bois à la place du goudron dans les écoles

Nous connaissons tous ce sol sur lequel nos enfants jouent toute l’année dans les cours de récréation des écoles; un sol droit, parfait et bitumé, un ou deux arbres et hop, plus besoin d’employer des gens à entretenir la pelouse…et pourtant il n’y a encore que deux ou trois décennies, les enfants jouaient parfois à même la terre ou encore dans une cour pleine de verdure.

Parfait plus de chaussures sales (merci pour le ménage !), ni de vêtements à nettoyer le soir (merci pour les parents), seulement ce sol est-il bon pour la santé ?

Lien bitume-cancer ?

En 2011 des médecins experts ont estimés que la mort d’un ouvrier d’un grand groupe de Travaux Publics pourrait être lié au bitume, et avait donc une origine professionnelle. L’homme est décédé en 2008 à l’âge de 56 ans. Autre affaire en mai 2010, le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) de Bourg-en-Bresse avait, pour la première fois en France, fait le lien entre le cancer de la peau et les fumées toxiques du bitume, et reconnu la faute inexcusable de l’entreprise incriminé.

À long terme, avec les chaleurs de plus en plus fortes de ces dernières années, le bitume n’est pas si inoffensif que cela, selon l’Action Scientifique en Milieu du Travail cela entrainerait Irritation respiratoire et bronchite, sachez que les enfants passent plus d’une heure par jour à jouer sur celui-ci sans compter en dehors de l’école!

Un peu de verdure

Il est recommandé de permettre aux enfants de jouer librement dans un espace de verdure au moins 1 heure chaque jour. Cela évite le Syndrome de Manque de Nature (obésité, agressivité, manque de vitamine D entre autre).

Une étude qui date mais toujours d’actualité

Pour montrer le bienfait d’une cour sans bitume une étude a été réalisée selon un protocole scientifique parfaitement rigoureux. Il s’agit du travail mené par le suédois Grahn et son équipe en 1997.

Deux crèches ont été étudiées pendant 1 an. L’une avait un extérieur classique (sol plat et lisse, gazon, aires de jeux bien délimitées, un parterre de fleurs, etc. Bref, comme la plupart des cours de nos écoles maternelles). L’autre avait un espace extérieur qui avait été conçu pour permettre aux enfants d’être au plus proche de la nature (jardin sauvage, grands arbres, rochers, bosquet, sol irrégulier, grande surface de sable, balançoires, cordes). Les deux crèches étaient comparables sur tous les autres points (surface du terrain, nombre d’enfant, catégories socio-professionnelles, réputation, etc.)

Les enfants avaient entre 3 et 7 ans. On a étudié leurs compétences dans de nombreux domaines de développement.

Eh bien vous savez quoi? Les enfants fréquentant la crèche « naturelle » avaient de meilleurs résultats aux tests dans TOUS les domaines de développement.

Par exemple, ces enfants :

  • arrivaient mieux à se concentrer
  • étaient plus agiles
  • étaient moins souvent absents pour cause de maladie
  • étaient plus créatifs dans leurs jeux
  • arrivaient mieux à résoudre les conflits
  • étaient moins distraits
  • étaient plus à l’écoute
  • coupaient moins la parole
  • avaient moins d’accidents
  • semblaient moins agités…

Rien que ça! Et par le simple fait de passer du temps chaque jour dans un espace de jeu varié et empreint de nature. Voilà qui peut laisser songeur…

Vous me direz qu’il existe bien des jardinières dans certaines écoles avec de belles fleurs…mais les enfants en général ne doivent pas y toucher car la nature est belle mais de loin pour ne pas l’abimer, c’est paradoxal mais pourtant vrai dans la plupart des écoles.

Écoles qui suivent l’exemple naturel

Après avoir parcouru ce petit bilan, il existe quand même quelques cours d’écoles qui ont encore un terrain varié et végétalisé. Il y en a peu. Mais il y en a, c’est donc que c’est possible! Dans un petit village du Vercors. Côté nature, les enfants sont servis, là haut! Cette cour a un jardin clos d’un muret en vieilles pierres, abrité sous un gros tilleul. Les enfants y sont à l’affût des lézards et des petites bêtes, ils entendent les cloches des vaches.

Il y a aussi une cour d’école immense, avec une grande pelouse. Les enfants la dévale en roulant, cette simple pente est source d’innombrables jeux! Une autre est cerclée de buissons. Les enfants y vivent leurs petites aventures! Les enfants ontt leurs territoires, leurs refuges!

Il y a une autre école qui elle a fait le choix d’un sol en paillage bois ou des copeaux de bois (souvent issues du recyclage) pour parler simplement;

Delphine Jeannin, la présidente de l’AEP de l’école de Questembert en Bretagne a bien voulu jouer le jeu des questions/réponses :

Pourquoi avoir choisi un sol en paillage bois ?

Au départ la majorité des parents souhaitaient avoir un extérieur classique (sol plat et lisse comme la plupart des cours d’écoles).

Ayant essuyé plusieurs refus de subventions ou aides diverses nous avons décidé de nous prendre en mains.

Nos enfants ne pouvaient plus continuer à jouer sur du goudron et trébucher lourdement!

Qu’en est-il de la sécurité ?

Comme souvent, on craint le pire, mais si on se penche sur le cadre posé par la loi, on se rend compte que tout n’est pas si figé.

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, a établi une fiche pratique sur le sujet et précise sur son site, le cadre en vigueur dont il faut tenir compte lorsque l’on aménage une cour ou une aire de jeux.

Il y a quelques règles à respecter mais surtout beaucoup de bon sens !

Il nous aura fallu seulement 2 jours et demi de travaux et de préparation pour réaliser ce chantier.

Et le coût dans tout ça ?

Nous avons été très surpris car grâce à une équipe de parents bénévoles formidable et à la générosité de nos partenaires locaux, ce projet a coûté moins de 300€.
Le devis pour le bitumage d’une partie de la cour s’élevait à 16 000€….

Ce nouvel espace permet à nos enfants d’être au plus proche de la nature tout en gardant les pieds au sec! Depuis son installation tout les enfants sont ravis et ne reviendrait pour rien au monde en arrière.

Merci à l’école Diwan Kistreberzh pour ce témoignage !

Pour conclure

Tout a commencé avec le Sommet de la Terre à Rio en 1992, depuis de plus en plus de projet visant à réveiller la biodiversité s’est mise en marche ou du moins à sensibiliser l’opinion publique à cette question. A cela s’ajoutent des études venant nous prouver à quel point l’homme a besoin de la diversité biologique pour son équilibre…

Et petit à petit, des projets visant à faire entrer la biodiversité dans les cours d’écoles a vu le jour! Car c’est par les enfants que la biodiversité reprendra ses droits, l’avenir est à eux. Et la terre sera ce qu’il en feront mais pour cela il leur faut donner des clés pour réussir.

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